82                          RECHERCHES SUR MOLIÈRE.
les ustensiles, on admire les meubles, on ouyre les tiroirs, les bahuts et les coures, on feuillette les livres, on examine les tableaux, on touche le linge, les habits de ville et de théâtre, on pèse l'argenterie, ou estime les bijoux; enfin on lit les papiers qui malheureusement ne concernent que des affaires d'intérêt. U est pourtant une circonstance à laquelle il faut.prendre garde «tout d'abord, c'est quo cet inventaire est celui de la communauqui a existé entre Molière et Ar­mande Béjard, et il faut cher de distinguer ce qui appar­tient à l'un et à l'aultre. Si tout était resté en place comme au moment de la mort, la distinction serait plus facile ; mais beaucoup d'objets de méme nature ont été transportés d'une pièce ou même d'-u-n étage à un autre, pour étre réunis en un seul article, et il n'est pas toujours facile de se rendre compte de l'appartement dans lequel on se trouve. Il faut donc suvre avec précaution l'huissier-priseur dans l'itinéraire ca­pricieux qu'il a adopté.
Au rez-de-chaussée-, * ea la cuisine » sont les nombreux ustensiles qui indiquent une maison large et souvent ou­verte aux amis. Les grandes .fontaines de cuivre rouge, comme Chardin les peignait encore un siècle plus tard, les marmites, cuvettes, tourtières, chaudrons, poêlons, alambics, tous en cuivre rouge et jaune, la vaisselle d'étain sonnant et com­mun, reluisent le long des maraines et sur la lotogue table de chéne; puis viennent d'autres objets de ménage, les pla­tines pour faire sécher le linge, les ibassinoires, et, dans son étui, l'instrument de M. Fleurant, qui a .peut-être servi à poursuivre M. de Pomreeaugnae.
On monte ensuite au grenier où «ont déposés les meubles hors d'usage, puis on redescend dans les entresols où cou­chent sains doute tes deux servantes el la petite fille.. Dans l'un de ces entresols est le berceau de l'enfant à k fiai de l'année précédente et qui n'a vécu quc <fueiques jours ; trois estampes vertriefs décorent -catte chambra, «deux représentent l'une des protectrices de Molre, la reine-re Anne d'Au­triche, à qui il avait dédié la Critique de V École ies femmes;